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LE MATRIMOINE A L’HONNEUR

Bérengère Lassudrie, étoile filante du courant Art Déco. 

 

Le Matrimoine est l’héritage culturel des artistes femmes d’hier et d’aujourd’hui. Dans les archives de la Maison Pierre Frey, la responsable du patrimoine Sophie Rouart a remonté la trace de nombreuses créatrices.

Parmi elles, Bérengère Lassudrie, étoile filante du mouvement Art Déco aura une carrière courte (1914-1927) mais brillante !

UNE FEMME LIBRE ET PASSIONNEE

Jeanne Juliette Marie Bérangère Lassudrie naît en mars 1879 dans une famille bourgeoise à Sèvres et habitera toute sa vie à deux pas de Notre-Dame quai Saint-Michel. Très tôt, elle change l’orthographe de son prénom, remplaçant le A de Bérangère par un E. Paule Bayle du journal La vie féminine perçoit dès 1914 ce caractère émancipé et la décrit comme une femme de son temps, indépendante et passionnée par la mode. 

UNE CARRIERE DEDIEE AUX ARTS DECORATIFS

D'abord identifiée comme sculptrice, c’est pourtant dans la peinture et les arts appliqués que son talent va pleinement s’exprimer. En 1914, la galerie d’Astorg organise une première exposition personnelle où l’artiste présente une quarantaine d’œuvres, majoritairement des peintures, des pastels, des bibelots peints et quelques sculptures. Les critiques louent ses compositions très décoratives et sa palette de couleurs exubérante, représentatives de l’Art déco naissant.

UNE ARTISTE RECONNUE

Dès 1920, elle expose ses créations au Salon des Indépendants et au Salon d’Automne. Gage de son talent reconnu, elle dessine l’affiche du salon d’automne et abandonne la sculpture au profit des arts décoratifs.

 

En1922, elle crée un motif de tenture pour la Maîtrise des Galeries Lafayette.

SON APPORT A LA TAPISSERIE MODERNE

Bérengère Lassudrie participe activement à l’émergence de la tapisserie moderne.
En 1922, elle expose au salon des artistes français au Grand Palais des maquettes de tapis-portière, des feuilles d’écran et des dessus de cheminée.
La même année, elle est invitée à faire tisser ces cartons à l’atelier de basse-lisse de l’École nationale d’art décoratif d’Aubusson. C’est à cette occasion qu’elle rencontre Messieurs Braquenié.

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Trois tapisseries de siège au point plat y sont alors tissées. La Maison Pierre Frey a la chance de conserver intégralement ce projet, du livre  de commandes, aux tissages en passant par les cartons préparatoires. C’est une luxuriance de motifs floraux, une explosion de couleurs vives et opposées travaillées en harmonie. Ces extraordinaires rouges, bleus, jaunes nous entraînent dans le tourbillon des années folles. 

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Ces tapisseries sont présentées au musée Galliera en 1923 lors de l’exposition des cartons modernes de tapisserie organisée par Henri Clouzot.
Maintes fois citée dans les différents salons, Bérengère Lassudrie gagne une médaille d’argent à L'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925.

UNE CARRIERE PROMETTEUSE INTERROMPUE

L’artiste décède brutalement des suites d’une commotion en mai 1927 mettant fin à une carrière fulgurante, dédiée au renouveau décoratif de l’entre-deux-guerres.
Quelques feuilles d’écran et un superbe paravent présenté au salon d’Automne de 1924 sont conservés dans les collections du Mobilier National.